Qui n’a jamais rêvé de débourrer son cheval soi-même ? Etre le premier à monter, à poser ses fesses sur le dos de Kiki, ça fait rêver ? Quand on parle de débourrage on parle d’apprendre à un cheval à porter un cavalier aux 3 allures en carrière et en extérieur de manière générale ou encore à tirer une voiture pour l’attelage. On donne au cheval les bases pour lui permettre d’aller sereinement vers la suite de son apprentissage spécifique à sa discipline. Et bien tout ceux qui le font régulièrement peuvent donner 10 bonnes raisons de ne pas débourrer son cheval soi-même. On se lance !
Pour débourrer son cheval soi-même, il faut des installations adaptées
Si si c’est vrai, débourrer des Kiki sauvages dans un pré sans aucune installation c’est pas une bonne idée. Par contre un beau rond de longe de taille suffisante est bien plus indiqué. Il ne faut jamais oublier que les chevaux restent des animaux avec un fort instinct de fuite, et un rien peut faire dégénérer une séance, donc mieux vaut un espace clos et bien sécurisé !
On ne peut pas être seul pour débourrer
S’il est possible d’habituer un cheval à la selle ou au filet seul, il est en revanche très risqué de faire les premiers montoirs seul par exemple. Qui va rassurer Kiki (même s’il est parfait) ? Qui va éviter que Kiki ne bouge ou ne démarre lorsque l’on aura frôlé sa croupe par erreur ? Ou qui va rassurer la personne qui se lance à l’assaut du dos de Kiki pour la première fois ? C’est bien plus qu’une règle de sécurité, on parle de survie là !
Tout dépend de la personne à pied, il faut vraiment une personne de confiance qui connaisse bien le cheval afin de pouvoir anticiper ses réactions et les voir venir de très loin. On pourrait même dire que la survie dépend de cette personne de confiance, on ne peut pas prendre le premier qui passe par là !
On a besoin d’une protection adaptée
Que ce soit pour débourrer un poney, un cheval ou même une mule, il faut surtout bien se protéger. En effet même avec le plus gentil des Kiki on n’est pas à l’abri d’un accident. On ne peut jamais être sûr à 100% de son ami cheval. C’est là que l’armure, enfin le gilet de cross, est important. Il protège le dos, grâce à lui la colonne vertébrale est à l’abri.
C’est quand même cool d’avoir une chance d’éviter de finir en fauteuil roulant à cause d’une lésion de la moelle épinière. On n’oublie surtout pas la bombe, très utile en cas de chute avec chocs sur la tête. Elle peut éviter les lésions cérébrales, pouvant causer la mort par exemple… Et surtout après une chute on change la bombe, même si c’est la dernière Antarès à la mode car après tout c’est vraiment une question de vie ou de mort.
Débourrer son cheval soi-même, c’est dangereux
Si peu de professionnels du débourrage le font tout au long de leur carrière c’est qu’il y a une bonne raison. Même si avec du métier on apprend à anticiper les chutes (qui peuvent finir sur CSO de merde), voir carrément à les éviter, les chocs physiques restent nombreux. On n’est pas tous Simon Delestre, capable d’exploits à répétition !
En effet arriver à rester en selle malgré les coups de culs et autres réjouissances, demande des efforts considérables à notre corps, par exemple à nos genoux qui jouent le rôle d’amortisseurs ou encore à notre dos qui doit encaisser les chocs. Mais en attendant, même avec un seul cheval c’est prendre de très nombreux risques.
Effectivement il faut accepter de risquer de nombreuses chutes mais il faut aussi accepter de risquer d’abîmer ses articulations, d’avoir mal au dos… Alors si on décide de se lancer quand même on n’oublie par de rentrer l’adresse des urgences dans son GPS.
Débourrer, ça demande du temps
C’est un gros problème souvent rencontré avec des chevaux très gentils. On aurait tendance à vouloir débourrer très rapidement pour profiter de Kiki très vite, quitte à le débourrer trop jeune par exemple. On se dit qu’on va commencer tôt pour prendre son temps derrière mais vu que Kiki ne bouge pas finalement en deux semaines on est en selle, et go en balade !
Mais après réflexion on se dit qu’on aurait du prendre le temps de faire travailler Kiki à pied, d’apprendre à le connaître, qu’il nous fasse confiance, avant de monter sur son dos. Et oui, un Kiki n’est pas une moto, même s’il est très gentil il peut avoir besoin qu’on prenne son temps avec lui. Un vrai cavalier saura voir le bon moment pour passer à l’étape d’après en respectant le rythme de Kiki.
Il faut bien connaître les chevaux
Quand on parle de la personne de confiance par exemple il faut vraiment avoir de solides connaissances sur les chevaux et un très bon instinct de survie pour pouvoir anticiper les réactions du cheval. Il faut être capable de voir si le cheval est prêt physiquement et mentalement pour le débourrage par exemple avant même de commencer le travail.
Il y a de nombreuses techniques à maîtriser, comme les longues rênes. Elles sont très utiles pour instaurer les codes vocaux et la direction avant de se mettre en selle par exemple.
On a besoin de beaucoup de matos
Quand on débourre un cheval il a de nombreuses questions qui se posent à propos du matériel. On doit se demander quelle selle mettre, une selle américaine ou une selle anglaise ? La selle va-t-elle bien au dos du cheval ?
Il y a aussi la question du mors. Selon les différentes écoles certains sont pour le mors à aiguilles, d’autres pour des mors plus durs. Enfin certains peuvent également débourrer sans mors. On voit donc bien que ces questions sont extrêmement délicates alors attention !
Il y a des étapes franchement désagréables
On aura beau dire mais monter en sac à patate, faire des montoirs à droite puis à gauche (ça peut faire mal si on est pas souple !) ou encore se coucher sur la croupe pour désensibiliser Kiki ça peut être franchement désagréable !
On est loin des bons moments sympas qu’on peut passer un cheval. Faut pas rigoler mais c’est dur de respirer quand on est en sac à patate sur le dos d’un cheval, le ventre sur la selle et la tête en face de l’étrier. Il y a plus sympa comme position !
C’est très répétitif
Et oui un cheval n’apprend pas forcément aussi vite qu’on le voudrait ! Il peut falloir plusieurs séances à faire et refaire des montoirs avant de pouvoir s’asseoir sur le dos de Kiki. Après il faudra X séances de longues rênes ou en selle pour acquérir la direction, pouvoir faire des cercles, travailler les transitions, désensibiliser Kiki …
Puis recommencer la semaine suivante car l’apprentissage n’est pas une ligne droite mais plutôt des montagnes russes ! Un débourrage est une répétition de séances variées mais qui consistent à faire et refaire les mêmes exercices de base. C’est ça un débourrage ! Bienvenue dans le monde des séances au pas et au trot ! Mais ce sont ces séances qui font qu’un débourrage sera raté ou réussi.
Il n’y a rien de romantique dans un débourrage
Il est facile de s’imaginer avec un gilet de cross, la bombe bien accrochée sur la tête. On ressemble d’avantage à une tortue Ninja qu’à Laura dans Heartland quand elle est en train de débourrer ! Et bon faut avouer que la position du sac à patate sur le dos de Kiki, fesses en l’air, c’est loin d’être hyper sexy !
Et franchement vous trouvez ça joli la position dite du « fœtus » qu’on adopte pendant les débourrages ? Dos voûté, tête rentrée dans les épaules, il faut être prêt à rouler en cas de chute. Mais non on est pas joli à cheval dans ces moments là. C’est nettement moins impressionnant que faire une séance de cross par exemple, mais il faut un début à tout !
Bonus : un débourrage raté c’est très difficile à rattraper !
On connait tous des chevaux qui ont été ratés au moment de les débourrer. Ils ont un bon fond mais pourtant ils peuvent être très compliqués à gérer. L’apprentissage de la direction ou de la manière d’affronter les éléments inconnus par exemple sont des éléments clés du débourrage. Si ces éléments ne sont pas acquis on ne pourra rien construire de solide par la suite.
Une fois que le cheval a pris de très mauvaises habitudes il est très difficile de le corriger voire impossible. Rater un cheval au débourrage c’est le priver de certaines cartes qui lui seront très utiles pour la suite de sa vie. Mieux vaut donc le laisser aux personnes qui ont choisi d’en faire leur métier (et qui sont douées).
Débourrer son cheval soi-même c’est l’emmener dans sa nouvelle vie aux côtés des humains. Donc, il faut pas se chier. Comme le dit le célèbre Nuno Olivera : « Faites du cheval un compagnon et non un esclave, vous verrez quel ami extraordinaire il est. » « Avec les chevaux, de la douceur est-ce que cela en vaut la peine ?… Oui, toujours! » Alors faites plutôt confiance à un professionnel du débourrage, ou à votre coach bien aimé !
Crédit image à la une: Pauline Bach et Elevage de la Gaoüt