L’ostéopathe équin devient un professionnel de plus en plus courant dans nos écuries. Mais encore faut-il réellement comprendre qui il est et ce qu’il fait ! Ce n’est pas un sorcier qui va soigner le cheval simplement en le regardant ! On voit dit tout sur lui.
D’où vient l’ostéopathie ?
Déjà l’ostéopathie animale est une transposition aux animaux des techniques utilisées chez les humains.
Les manipulations du corps avec les mains sont utilisées en médecine depuis l’Antiquité ! Mais l’ostéopathie telle que nous la connaissons nous vient des Etats-Unis.
Nous la devons au Docteur A.T. Still. Durant l’automne 1874, il a guéri un enfant de la dysenterie puis 17 autres sans utiliser de médicaments. Le 22 juin 1874 il arrête définitivement la médecine dite traditionnelle, et établit les grands principes de l’art ostéopathique. Il dit lui-même :
« tordre un homme d’une certaine manière et le guérir de la dysenterie, la fièvre, les rhumes et les maladies liées aux conditions climatiques, secouer un enfant et stopper une fièvre scarlatine, le croup, la diphtérie et guérir la coqueluche en trois jours par une torsion du cou de l’enfant, etc. »
Très développée aux Etats-Unis, c’est le britannique John Martin Littlejohn qui l’introduit en Europe, après avoir étudié avec Still. En 1917 il créé British School of Osteopathy à Londres. Une école est créée en France en 1957, mais sous la pression du Conseil de l’Ordre des médecins français elle s’expatrie en Angleterre.
L’ostéopathie humaine est officiellement une pratique encadrée et autorisée en France depuis la loi du 4 mars 2002. Depuis 2014 un cadre législatif est fixé, organisant une formation sur 5 ans de manière très précise. C’est sur ce modèle que la formation en ostéopathie animale est basée.
L’ostéopathie animale s’est vraiment développée depuis une dizaine d’année, avec l’essor de la place des animaux de compagnie dans la société. Cependant l’ostéopathie demeure pour certains en dehors du cadre de soins, plutôt comme un gadget pas réellement utile. L’évolution de l’ostéopathie humaine a été longue, l’ostéopathie animale suit le même chemin et n’est pas encore arrivée à son développement complet.
Que fait un ostéopathe équin ?
Une séance complète d’ostéopathie équine commence toujours par l’observation du cheval afin de déceler les troubles locomoteurs et les déséquilibres du cheval. Une première palpation permet d’affiner ce qui a été observé.
Ensuite l’ostéopathe équin va réaliser des manipulations qui vont soulager le cheval, que ce soit en agissant sur le squelette directement ou sur les muscles. L’ostéopathe réalise uniquement des manipulations externes et manuelles.
Il peut conseiller au propriétaire l’intervention d’un autre professionnel si le problème du cheval a nécessite un traitement qui ne relève pas de sa compétence (intervention du vétérinaire pour des radios par exemple).
Il travaille en libéral donc il doit gérer son planning, ses comptes, l’envoi de ses comptes rendus …
Ce métier exige de très bien connaître la locomotion et la physiologie du cheval, avec des connaissances médicales (rendez-vous dans la section formation).
Il faut aussi très bien connaître les animaux, afin d’évoluer en sécurité autour d’eux et dans l’hygiène (éviter la transmission de maladie entre différentes écuries par exemple).
Les qualités humaines ne sont pas à négliger, car même si le patient a 4 membres, il faut pouvoir échanger avec son propriétaire et d’autres professionnels (vétérinaire, maréchal ferrant).
Comment devenir ostéopathe équin ?
Le métier d’ostéopathe équin est règlementé depuis 2017, et la CNCP (Commission nationale pour la certification professionnelle) reconnaît 8 écoles en France. Ces écoles dispensent des formations calquées sur les formations en ostéopathie humaine. Voici ce que vous devez savoir sur ces formations :
-Formation initiale (après le bac) de 5 ans (équivalent d’un master universitaire)
-Autant de cours que de pratique sur tous les animaux (on est formé au métier d’ostéopathe animalier, donc sur des chiens, chats, chevaux, vaches…)
-Ecoles privées, donc formation avec un coût important
Voici la liste des 8 écoles reconnues en France :
- l’IFOA : Institut de Formation d’Ostéopathes Animaliers, à Tarascon (13)
- l’EOA : Ecole d’Ostéopathie animale, à Rennes (35) et à Cluny (71)
- le NIAO, à Bois Guillaume Bihorel (76).
- l’ESOAA : Ecole Supérieure d’Ostéopathie Animale d’Annecy, à SEYNOD (74).
- l’IOA : Institut Ostéopathique Animalier à Martignas-sur-Jalle (33)
- l’EFOA : Ecole Française de l’Ostéopathie Animale (14)
- l’ESAO : European School of Animal Osteopathy (14)
- Lycée Drôme Provençal à Saint Paul Trois Château (26)
La reconnaissance du métier d’ostéopathe équin
Toujours depuis ce fameux décret du 17 avril 2017, pour pouvoir exercer légalement les ostéopathes doivent être inscrits sur un Registre National d’Aptitude géré par l’ordre des vétérinaires. Les vétérinaires en sont exemptés.
Sinon afin de pouvoir s’y inscrire il faut remplir certaines conditions :
-justifier de 5 années d’études supérieures
-une épreuve écrite d’admissibilité sous forme de QCM
-une épreuve pratique portant sur deux espèces animales : un carnivore domestique (chien ou chat) et une espèce au choix du candidat entre les grands ruminants et les équidés
Cette inscription a un coût (environ 2000€ si on compte le coût de l’examen pratique et du dossier).
Il y a une dérogation pour les professionnels déjà implantés. Ils doivent avoir fait plus de 3 années d’études supérieures et pratiquer depuis plus 5 ans dans ce domaine. Si c’est le cas ils n’auront que l’épreuve pratique à passer, au plus tard le 31 décembre 2019. Au delà, ils ne pourront plus exercer légalement.
Cette inscription obligatoire sur ce registre a permis un tri dans la profession. Des personnes n’ayant été formées que sur quelques weekend par exemple ne pourront plus revendiquer le titre d’ostéopathe équin (ou animalier).
Salaire et conditions de travail de l’ostéopathe équin
Concernant le salaire, il est impossible de donner une fourchette. Tout dépend de la zone où est implanté l’ostéopathe, de sa réputation, du temps qu’il consacre à ses consultations… C’est un métier qui s’exerce en libéral, donc tout dépend de l’ostéopathe lui-même.
Pour les conditions de travail, c’est un métier très exigent et prenant. L’ostéopathe équin se déplace dans les écuries où sont ses patients, donc il passe beaucoup de temps sur les routes (ce qui a également un coût). Il doit gérer en même temps ses prises de rendez-vous. Qu’il fasse très chaud ou au contraire très froid, l’ostéopathe est sur la route ! Et s’il doit voir un particulier il n’y a pas toujours un abri où travailler, donc les conditions de travail peuvent être compliquées.
Mais c’est un métier qui est au contact des chevaux, et qui permet de les soulager réellement. Pour une personne qui aurait une vocation de vétérinaire mais pas un amour pour les études à la hauteur de ses rêves, c’est une bonne alternative.
On voit aussi des professionnels équestres de tous horizons (anciens cavaliers, vétérinaires)se reconvertir en tant qu’ostéopathe équin.
On espère que maintenant vous connaissez un peu mieux l’ostéopathe équin. C’est un très beau métier au service de nos amis les chevaux.
Source photo à la une : Animatum in Commons Wikimedia