Quel cavalier ne s’est jamais demandé comment se servir des éperons ? Arrivé à un certain niveau c’est un passage quasi obligatoire. Alors on vous dit tout sur la bonne façon de se servir des éperons.
1. Les éperons c’est quoi ?
L’éperon est une aide artificielle, au même titre que la cravache par exemple.
C’est un instrument, en métal généralement, qui se fixe sur le bas de la botte du cavalier au niveau de la cheville ou du talon. Son but est donc de prolonger l’action de la jambe.
Il y a 3 parties sur un éperon, plus une courroie en cuir ou en synthétique.
2. Pourquoi se servir d’éperons ?
L’éperon sert à renforcer l’action de la jambe du cavalier. A cet égard il en est une extension.
Se servir des éperons c’est de ce fait avoir une action plus précise, car contrairement au mollet ou au talon il agit sur un seul point précis et non une grande zone.
C’est notamment très utile en dressage, pour une cession à la jambe par exemple.
On voit aussi beaucoup d’éperons sur les barres, en saut ou en cross. Ils aident les cavaliers à maintenir l’impulsion tout en contrôlant mieux l’incurvation du cheval dans des courbes parfois serrées.
L’équitation western appelle également souvent à se servir des éperons. C’est une équitation de précision, où le cheval répond au moindre effleurement de l’éperon.
Ce dernier est plus imposant qu’en équitation classique, et toujours très bariolé. Mais même s’il est impressionnant, ce n’est pas un engin de torture.
Avant de continuer, mettons fin à une idée reçue très répandue selon laquelle l’éperon serait un moyen de coercition.
En réalité, il ne sert qu’à affiner l’action de la jambe du cavalier. C’est un outil de précision, qui n’a aucune vocation punitive. En tout cas, qui devrait.
3. A qui s’adressent les éperons et comment les utiliser ?
Pour pouvoir utiliser correctement des éperons, le cavalier doit avoir atteint un niveau permettant une fixité des jambes.
Mais ce n’est pas suffisant, il doit aussi avoir le contrôle total sur ses mouvements. Si ce n’est pas le cas il risque de blesser le cheval accidentellement.
Les éperons ne devraient pas s’adresser à des cavaliers qui cherchent à faire d’avantage avancer leur cheval, ou pour un cheval froid à la jambe. Ce genre de problème passe avant tout par le dressage et l’éducation.
Trois actions seulement sont utiles pour se servir des éperons :
-Toucher : contact léger et bref avec le flanc du cheval, qui est simplement effleuré.
-Pincer : contact plus marqué et plus insistant, qui s’exerce de l’arrière vers l’avant, avec léger pincement de la peau. Le pincer est un rappel à l’ordre qui intervient lorsque le cheval oublie de répondre à l’action des jambes ou au toucher.
-Piquer : le pointe du pied du cavalier se tournant vers l’extérieur, l’éperon se place perpendiculairement au flanc du cheval et vient le piquer. C’est une action coercitive, réservée uniquement aux cavaliers professionnels, et de façon tout à fait exceptionnelle.
4. Les différents réglages utiles pour se servir des éperons
L’éperon doit se régler en fonction de la taille des jambes du cavalier et de la position de la jambe.
Le but est de toute façon de faire en sorte qu’ils ne viennent au contact du flanc du cheval que si le cavalier le veut. Plus le talon du cavalier descend bas (parfois bien en-dessous des flancs du cheval), plus les éperons doivent être hauts sur sa jambe.
Il faut par ailleurs éviter que le cavalier ne soit obligé de remonter son talon pour agir avec ses éperons.
En dressage, où la jambe est très descendue, il faut des éperons plus hauts qu’en concours hippique ou en complet, où l’on chausse court donc avec des éperons plus bas sur la botte.
Un cavalier plus grand aura tendance à mettre ses éperons plus hauts afin de garder un contact avec le cheval. A contrario, un cavalier plus petit mettra ses éperons plus bas afin d’éviter qu’ils ne soient en contact permanent avec les flancs de sa monture.
Quant à l’éperon western, il se porte très bas, au niveau du talon de la botte du cavalier.
5. Les différentes formes d’éperons classiques
On toruve de nombreux types d’éperons.
- Les éperons à bouts ronds : l’éperon est court et sa tige se termine par une boule. C’est l’éperon le plus doux, et aussi le plus répandu.
- Les éperons prince de Galles :
l’éperon a une tige de 20 ou 35 mm. La tige est droite, légèrement inclinée vers le bas. Son bout est plus ou moins agressif (légèrement arrondi ou non). On le croise très souvent dans toutes les disciplines classiques, du dressage au TREC.
- Les éperons col de cygne :
la tige de cet éperon remonte verticalement puis s’oriente progressivement vers l’horizontale à son bout, donnant à la tige une forme de col de cygne. Il est utilisé par des cavaliers aux longues jambes qui pratiquent une équitation nécessitant de chausser long comme le dressage. Vous le verrez plutôt rarement.
- Les éperons marteau :
c’est un éperon a une très longue tige, dont le bout est rectangulaire pour augmenter la surface de contact avec le corps du cheval. Il est principalement utilisé en CSO. Il est toutefois réservé à une jambe parfaitement fixe, y compris lors de la phase de saut.
- Les éperons Schultheis, ou éperons à molette :
l’éperon a longue tige finie par une molette dentée dont les pointes des dents sont rondes, pour un meilleur dosage de l’action.
- Les éperons Pessoa :
ils ont toutes les formes de tige. Leurs branches sont recouvertes d’une gaine en caoutchouc. Les passants de courroies sont en forme de « S » pour limiter le déréglage de la longueur. Comme son nom l’indique, c’est Rodrigo Pessoa, célèbre cavalier brésilien, qui en est à l’origine. C’est la base de la branche de l’éperon qui est à regarder, car la tige peut être de n’importe quelle sorte.
6. Les différents matériaux
Comme pour les mors, on trouve une multitude de choix dans le commerce.
Les éperons sont traditionnellement en métal, mais ils peuvent être recouverts de caoutchouc pour éviter qu’ils ne glissent sur la botte ou ne l’abîment.
Si le laiton est utilisé pour l’esthétique (pour assortir aux boucleries par exemple), le plastique est censé adoucir le contact de l’éperon avec le cheval. Enfin, le métal coloré n’apporte rien de plus, c’est une simple histoire de goût.
Certains éperons ont également le bout recouvert de caoutchouc pour en adoucir les effets.
Vous savez maintenant comment et pourquoi se servir des éperons. Et n’oubliez pas, comme le dit François Baucher « l’éperon est un rasoir dans les mains d’un singe. » alors prudence !
Source photo : Arnuchulo pour pixabay