Equithérapie : Quand le cheval devient soignant

Equithérapie

L’équithérapie permet d’apporter à certains patients malades, résidents en maisons de retraite ou autres, un peu de réconfort dans leur quotidien. Le cheval vient apporter une médiation thérapeutique, parfois indispensable dans la prise en charge. 

 

Les fondements de l’équithérapie

Déjà dans l’Antiquité, certains philosophes soulignaient l’importance et les bienfaits du cheval auprès de l’homme. Souvenez-vous de cette citation célèbre de Xénophon : « Le cheval est un bon maître, non seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit et pour le cœur ». 
Mais il faut revenir plus proche de nous avec les travaux d’une psychomotricienne, Renée de Lubersac, qui publia son ouvrage « La rééducation par l’équitation » en collaboration avec le kinésithérapeute Hubert Lallery. Ensemble, ils ont cherché à mettre en mots les bienfaits du cheval dans la prise en charge thérapeutique et à développer les pratiques de ce genre.

L’équithérapie comme on la connaît aujourd’hui est de plus en plus répandue. Elle permet d’apporter un nouveau souffle dans la prise en charge psychique des patients.

 

Les écoles en France

Actuellement, deux grandes écoles permettent de se former aux métiers d’équithérapie : L’IFEq (Institut Français d’équithérapie) et la SFE (Société Française d’équithérapie).
Certains pré-requis sont en revanche nécessaires : un niveau de connaissances équestres solide (galops fédéraux ou savoirs), un profil professionnel dans le médical, para-médical ou ayant une qualification pour travailler auprès de personnes en difficulté. Par ailleurs, un projet professionnel motivé avec des expériences, des rencontres ou des stages en équithérapie permettront d’appuyer votre candidature.

Les bienfaits du cheval

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Source : Wikimédia Commons

Le cheval n’est pas une baguette magique c’est certain, ça se saurait. Mais il apporte un contact physique auprès de personnes ayant parfois rompu le lien en société. Paradoxalement les rôles sont également inversés, c’est au patient de prendre soin du cheval.
Le patient crée un véritable lien avec le cheval dans lequel le thérapeute intervient pour médiatiser cette prise en charge. C’est avant tout le thérapeute qui utilise le cheval comme moyen de communication, pour créer un point d’ancrage avec son patient. Il favorise l’interaction et le développement de certaines compétences, angoisses parfois enfouies chez des personnes qui n’arrivent pas à exprimer leur ressenti.

Equithérapie et autisme

De nombreuses études se sont intéressées à la prise en charge des personnes atteintes de troubles du spectre autistique. En effet, certaines études ont montré les bienfaits de la prise en charge médiatisée par le cheval chez ces personnes dans différents domaines de compétences. La communication et les relations sociales ont été améliorées du début de la prise en charge pendant plusieurs années. Des études ont également noté des améliorations dans la régulation émotionnelle. L’équithérapie peut apporter du confort au quotidien, mais le cheval ne guérit pas. Ces études restent par ailleurs sur de petits effectifs, l’équithérapie étant un mode de prise en charge onéreux.

Equithérapie et handicap

L’équithérapie permet d’assurer un soin physique et psychique auprès de personnes en situation de handicap, que ce dernier soit physique ou mental. Elle permet de développer certaines praxies ou gestes du quotidien à pied : marcher en main, se mettre en selle, réaliser des mouvements, sentir le déplacement du cheval… Pour certains, la simple sensation de portage assurée par le cheval devient rassurante. Pour d’autres, ce sera d’autant plus le versant émotionnel qu’il faudra canaliser. Ne pas faire trop de bruit, se faire confiance… En collaboration avec les équipes médicales, cette approche thérapeutique permet donc de faire des progrès de façon ludique si un cadre de confiance s’est installé avec le thérapeute et avec le cheval.

A chaque patient sa séance

séance d'équithérapie
Source : Moody af

L’équithérapie ce n’est pas de l’équitation adaptée. Les personnes viennent certes à l’heure de leur séance, mais ce n’est pas juste un pansage, un tour de poney et c’est joué !
Le thérapeute doit prendre en compte les besoins du patient et jauger également la capacité du cheval à répondre aux attentes. Il doit permettre l’installation d’une relation de confiance et proposer des séances adéquates. Elles peuvent être à pied, montées, agrémentées de jeux ludiques et variés.
Le cheval doit donc lui aussi avoir un tempérament qui soit irréprochable pour permettre la pratique de l’équithérapie.

Quel cheval pour l’équithérapie ?

Les éthologues se sont penchés sur la question. Même si chaque cheval est unique et a son propre tempérament certains traits de caractère sont particulièrement appréciés. Pour les premières séances, un cheval calme, doux et patient sera apprécié. Mais au fil des séances, le côté joueur et émotif d’autres permettront de travailler certaines dimensions psychiques, de gérer ses émotions, de s’affirmer et de développer les relations.

Un cheval dans les hôpitaux

Vous avez tous déjà du entendu parler de l’histoire de Peyo, ce fantastique cheval qui parcourt les hôpitaux pour apporter du réconfort auprès de résidents malades ou en fin de vie. Aux côtés d’Hassen Bouchakour, le duo des Sabots du Coeur apporte une lueur d’espoir dans le développement de l’équithérapie qui semble encore trop fantaisiste pour certains praticiens, encore trop attachés à une prise en charge purement médicale.

Crédit : Peyo cheval de coeur part 1 from SVL on Vimeo.

L’équithérapie, une pratique encore controversée

Malgré tout l’intérêt de la recherche et de l’émergence des nouvelles formes de prises en charge thérapeutiques, l’équithérapie et plus largement la médiation animale restent encore contestées. Le phénomène prend de l’ampleur, tout comme la reconnaissance des animaux comme de véritables êtres vivants méritant le respect et la bienveillance. Le temps, l’évolution des pensées et de la recherche feront certainement de ces approches de nouveaux piliers dans le bien-être des patients.
L’accès à cette prise en charge reste par ailleurs très onéreuse et peu de dispositifs accordent confiance, et surtout un financement, aux séances. Cela restreint donc l’accès à un grand nombre de patients. Attention également aux « faux-professionnels » qui n’ont pas les diplômes officiels pour exercer. La pratique n’étant pas réglementée, toutes les dérives sont possibles, à l’image du saddle-fitting par exemple.

Vous l’aurez compris, le cheval n’est donc pas le soignant en équithérapie. Le thérapeute vient proposer au cheval et à son patient, et tous deux effectuent un travail ensemble afin de développer un projet d’accompagnement et de prise en charge personnalisé. Des patients, des chevaux, des thérapeutes, de multiples possibilités…

Source photo à la une : Wikimédia Commons