Les enrênements : Le guide complet

enrênement

Quel cavalier n’a été confronté à des enrênements ? Vous pensez tout savoir dessus ? Au contraire vous vous posez plein de questions ? Toutes les réponses se trouvent dans cet article.

1. Ce que tous les enrênements ont en commun

enrênements cheval
Source : Torange.biz

Ce sont tous des moyens mécaniques (ils agissent sur la mécanique naturelle du cheval) qui agissent sur l’attitude générale du cheval.

Ils agissent sur la locomotion du cheval, généralement sur le placement de la tête et de l’encolure, ainsi que leur angle de fermeture.

Leur but est normalement d’améliorer l’attitude du cheval ou de le muscler. Il faut préciser qu’ils ne devraient pas être un « cache misère » utilisé pour palier le manque de dressage du cheval.

Les enrênements ne peuvent être bien employés qu’avec de l’impulsion, que ce soit par l’action du cavalier ou par l’action de la chambrière. En cas de manque d’impulsion le cheval ne s’emploie pas physiquement et ne fonctionne pas, rendant l’enrênement inutile.

2. Les types d’enrênements

martingale cheval
Crédit : Coup d’état

On peut regrouper les enrênements en deux grandes familles.

Les enrênements fixes

Les enrênements fixes sont des enrênements qui ne nécessitent pas l’intervention du cavalier une fois réglé. On peut citer par exemple les élastiques ou encore la martingale à anneaux, en exemple ci-dessus.

Les enrênements coulissants

Les enrênements coulissants nécessitent une action de main du cavalier, car c’est un réglage constant. Il se fait grâce à une seconde paire de rênes qui agit sur l’embouchure.

Contrairement aux enrênements fixes, les enrênements coulissants nécessitent une plus grande maîtrise car le cavalier doit savoir utiliser deux paires de rênes, et savoir exactement quelle action sur l’enrênement entraîne quel effet mécanique sur le cheval. On peut citer par exemple les rênes allemandes.

3. Petit tour des enrênements d’équitation classique

martingale cheval
Source : Poiseon Bild & Text from Schweiz pour Commons Wikimedia

On va ici exclure les enrênements utilisés en course ou en dans des équitations de travail, qui sont très particuliers, afin de rester sur les enrênements plus classiques que vous croiserez plus souvent.

Le gogue fixe et commandé, le plus courant des enrênements

enrêment cheval
Crédit : Martine Martinez

Le gogue comporte une courroie fixée à la sangle, se terminant par un anneau de poitrail, et une courroie fixée à la têtière, se terminant de chaque côté par une poulie à la hauteur du frontal.

Deux cordelettes partent de l’anneau de poitrail, passent de chaque côté, à travers la poulie de têtière, puis à travers l’anneau du mors de filet, pour revenir se fixer à l’anneau de poitrail dans le cas du gogue fixe.

Il faut savoir que le gogue fixe est le seul enrênement autorisé en concours de dressage club.

Pour le gogue commandé, une paire de rênes est fixée aux cordelettes passées dans le mors. Il permet d’abaisser l’encolure et de muscler le dos du cheval.

Les rênes allemandes ou coulissantes

rênes allemandes
Crédit : Jade Gazzarin

C’est un enrênement que l’on croise très souvent, notamment sur les détentes ou les remises des prix des CSO. Mais c’est sûrement l’un des plus délicats à manier, bien que très utile s’il est maîtrisé.

Ce sont des rênes simples, bien plus longues que les rênes classiques de filet. Elles partent de la sangle, entre les membres du cheval ou bien sur les côtés de ses flancs.

Les rênes vont coulisser dans les anneaux du mors suite à une action du cavalier pour modifier leur longueur, ou suite à une action de tête du cheval. Si le cavalier les utilise bien, elles limitent simplement le relèvement maximal de l’encolure, donc la hauteur que la tête du cheval ne doit pas dépasser.

Les rênes allemandes ne servent absolument pas à mettre en main. C’est un puissant abaisseur, que des cavaliers utilisent de manière inadapté, ce qui donne un cheval « mis en main » ou plutôt « arrondi » par une tension excessive des rênes coulissantes.

Vous pourrez constater que leur utilisation pour remplacer le dressage correct du cheval est courante. Cependant si vous les gardez trop tendues, le cheval se ferme, s’encapuchonne. Ce qui compromet sa locomotion et le développement de sa musculature, entre autres choses.

La fédération Suisse d’équitation a interdit l’usage des rênes allemandes en concours hippique. A partir du premier janvier 2016, elles ont été bannies des pistes et des paddocks de détente. C’est l’un des enrênements les plus décriés du monde équestre.

Les martingales fixes et à anneaux

martingale à anneaux
Crédit : Luna Chatelard

Elles ont pour but d’éviter les mouvements intempestifs de tête du cheval vers le haut, et encadrent également le cheval dans un couloir de rênes. On les retrouve souvent en saut d’obstacle ou en cross.

La martingale à anneaux peut être un enrênement à part entière ou une pièce rajoutée sur un collier de chasse. Ce sont deux lanières de cuir terminées chacune par un anneau où vont venir coulisser les rênes de filet.

Sur ces dernières il y a obligatoirement des arrêtoirs placés vers le mors, afin d’éviter que les anneaux de la martingale ne se coincent dans ceux du mors. Si la martingale est bien ajustée, les anneaux doivent atteindre les ganaches du cheval arrêté dans une position normale.

La martingale fixe est un enrênement indépendant qui est composé d’une lanière en cuir qui relie la sangle du cheval à la muserolle, avec une sorte d’étrivière qui la fixe autour de l’encolure du cheval. Elle est également utilisée en longe avec les jeunes chevaux pour les éduquer.

Cet enrênement est obligatoire en horse-ball pour protéger le cavalier des mouvements d’encolure violents que peuvent avoir les chevaux.

Le chambon, l’un des enrênements les plus délicats

enrênement chambon
Source : anna pour commons wikimedia

C’est certainement le moins connu des enrênements, puisqu’il ne s’utilise qu’en longe. Le chambon ressemble à un gogue fixe, avec lequel il est souvent confondu, à tort, comme on peut le voir sur ce magnifique schéma.

Il est composé d’une courroie qui se fixe à la sangle d’un surfaix, puis se divise en deux pour passer par des poulies de chaque côtés de la têtière du filet, comme le gogue. Mais cet enrênement s’attache directement aux anneaux du mors par des mousquetons, et le triangle reste ouvert et non pas fermé comme en gogue.

Il cherche à faire baisser la tête du cheval. Si ce dernier remonte sa tête, la distance sangle/nuque va augmenter et la distance nuque/bouche diminuer par le jeu des poulies, rendant la position inconfortable par la tension vers le haut de la commissure des lèvres (action de releveur).

L’enrênement pousse le cheval à aller vers le bas à cause de l’action de releveur exercée sur la commissure des lèvres. Cette action un peu contradictoire peut perturber certains chevaux, qui peuvent aller jusqu’à se retourner.

Il faut noter que l’utilisation du chambon est fortement déconseillée au galop. En effet, le cheval utilise énormément le balancier de sa tête, et le chambon rend la position très difficile à tenir à cette allure.

Les élastiques Pirreli

élastiques Pirelli
Crédit : Laureen Malary

C’est un anneau et un long morceau droit de caoutchouc, avec une sorte de rêne fixe en cuir ou en synthétique. Il se fixe à l’embouchure du cheval, soit depuis la sangle ou le surfaix entre les membres du cheval, soit sur les côtés des flancs du cheval.

Malgré leur nom, les élastiques ne sont pas vraiment élastiques. Le caoutchouc peut s’étirer mais pas autant qu’un vrai élastique, alors gare à la confusion avec les élastiques éducatifs.

On utilise cet enrênement monté ou en longe. Il permet au cheval de venir tendre son dos, et son montage est très facile une fois réglé. Cependant, étant relié directement au mors, il peut y avoir des à-coups dans la bouche du cheval à cause du mouvement de ses foulées.

Les élastiques éducatifs

C’est un enrênement composé d’un long élastique (qui va passer sur la nuque du cheval) ou de deux plus petits (sur le modèle des élastiques Pirelli).

Il s’utilise monté ou à la longe, comme les élastiques Pirelli. Ces élastiques se fixent soit à la sangle entre les membres du cheval soit de chaque côté de ses flancs.

Ils permettent d’éduquer en douceur le cheval sans une trop grande dose de contrainte grâce à leur grande élasticité. On les utilise dans l’apprentissage du jeune cheval, ou pour les chevaux qui raidissent la nuque pour aller contre la main du cavalier.

Un tel enrênement est également très facile à utiliser pour le cavalier, car c’est un enrênement fixe.

Les enrênements dits « Pessoa »

enrênement Pessoa
Crédit : membre de Cheval Annonce

Attention, ne le confondez pas avec le mors du même nom ! On parle ici du pessoa comme d’un enrênement qui englobe l’ensemble du cheval, et qui fait souvent peur. Il peut être complexe à régler, donc à manier avec précaution.

Cet enrênement complet cherche à travailler le cheval dans le bon sens. Il cherche en effet à le muscler et à travailler son équilibre.

Son avantage est de travailler en même temps l’avant et l’arrière main du cheval, qui apprend à engager les postérieurs sous la masse car c’est plus confortable pour lui.

Cet enrênement sollicite beaucoup le cheval. Vous devez donc le réserver à des chevaux en condition, musclés et dressés.

Il y a 3 réglages possibles :

  • position basse, avec passage entre les antérieurs comme sur la photo
enrênements
Crédit : membre de Cheval Annonce
  • position intermédiaire : la partie qui était entre les antérieurs est dorénavant sur les côtés du surfaix, redressant ainsi le cheval pour l’emmener vers le rassembler
  • position haute : ce qui était entre les antérieurs du cheval est maintenant fixé sur les anneaux du haut du surfaix, voire même tout en haut en sellette. On voit ici un cheval rassemblé.

Il convient de commencer par la position basse, qui permet de muscler le dos du cheval, maintenu dans une attitude basse.

La position intermédiaire redresse le cheval progressivement.

La position haute permet de se rapprocher en longe de l’attitude correcte du cheval monté sur la main, avec la nuque comme point le plus haut.

Les rênes fixes

rênes fixes
Source : Tom Hammer pour Flickr

Les élastiques Pirelli y ressemblent beaucoup, sauf qu’ici pas de caoutchouc, uniquement du cuir ou du nylon.

Les deux rênes sont attachées du mors au surfaix du cheval en latéral. Vous les verrez beaucoup en spectacle, ou en dressage classique de haute école (comme l’Ecole de Vienne par exemple).

Ici le but est de rassembler le cheval sans cavalier en selle.

4. Les autres enrênements

enrênements équitation
Crédit : membre de Cheval Annonce

Les inventeurs de matériel équestre sont très créatifs en matière d’enrênement. Citons par exemple pelli/enrênement corde, ou encore l’enrênement à Howlett. On peut presque dire que nouveaux enrênements sortent tous les jours.

Nous vous avons présenté les plus courants et habituels, mais en réalité c’est vous de voir l’enrênement le plus adapté.

Cependant, n’oubliez pas que le but d’un enrênement est justement de pouvoir s’en passer ! Ils ne doivent pas remplacer le travail et le dressage du cheval, mais simplement y aider ponctuellement.

 

Bien utilisés, les enrênements peuvent grandement aider. Mais comme les éperons, pour reprendre la célèbre formule du grand maître François Baucher, ce sont des rasoirs dans les mains d’un singe.

 

Crédit image à la une: Luna Chatelard