Savoir éthologique 3 : Le guide complet

Le savoir éthologique 3 continue les premiers acquis validés lors des savoirs 1 et 2. A présent, ces fondamentaux à pied  s’appliquent lors du travail monté.

Savoir éthologique 3 : la théorie

budget temps du cheval
Source : Pixabay

Budget temps du cheval

Le budget temps est la répartition des activités du cheval sur 24 heures : alimentation, repos, déplacements, etc.

Globalement, un cheval adulte vivant en totale liberté consacre près de 60% de son temps à s’alimenter. Le reste du temps est réparti du repos, à la surveillance de l’environnement et aux déplacements. Le temps quotidien consacré à chaque activité est globalement régulier. Par contre, le moment où se produit chacune des activités va varier en fonction de l’environnement.

 

L’alimentation

En conditions naturelles, l’alimentation est l’activité la plus importante: le cheval passe environ 60 % de son temps à manger soit 15 à 16 heures sur 24. Un cheval passe ainsi beaucoup plus de temps qu’un ruminant à pâturer. Ceci s’explique par le fait que le tube digestif du cheval ne peut digérer que peu de nourriture à la fois et qu’il n’y a pas de temps de rumination provoquant un arrêt d’ingestion. L’ingestion et la digestion sont donc continues chez le cheval. Une autre particularité du cheval réside dans le fait qu’il mange en se déplaçant: le cheval prend plusieurs bouchées, puis fait un ou deux pas en avant ou sur le côté, et mange à nouveau. Le régime alimentaire est assez varié et surtout très riche en fibres. L’herbe est l’aliment privilégié du cheval, mais il peut varier son alimentation avec des feuilles d’arbre, de la mousse, des baies, des brindilles, des arbustes… Le cheval sélectionne les végétaux qu’il consomme et peut, mais pas toujours, éviter les plantes toxiques ou choisir le bon moment pour les consommer.

 

Le repos

5 à 7 heures sur 24 sont consacrées au repos, ce qui représente 20 à 30% du temps. Les chevaux dorment principalement la nuit. On distingue généralement deux types de repos : le repos debout et le repos couché. Lors du repos debout le cheval est en somnolence. Sa position est caractérisée par des yeux mi-clos, des oreilles légèrement en arrière, des muscles détendus, un postérieur au repos, l’encolure légèrement basse et la lèvre inférieure pendante.
Le repos couché, quant à lui, se compose de sommeil à ondes lentes et de sommeil paradoxal. Soit le cheval a seulement le corps au sol, soit le cheval est allongé de tout son long. Cette position s’appelle le décubitus latéral.

 

La surveillance de l’environnement

La surveillance occupe globalement 1 à 2 heures sur 24 soit 4 à 8% du budget temps du cheval. Il oriente sa tête vers l’objet de son attention, les oreilles pointées dans cette direction. S’il voit quelque chose qui l’intrigue ou l’effraie, sa posture va changer: il va tenir sa tête plus haute, le tonus musculaire augmente et la queue peut être relevée. L’étalon consacre deux fois plus de temps à la surveillance que les femelles, veillant ainsi sur l’approche de prédateurs ou sur la venue d’autres mâles.

 

Les déplacements

Quelle que soit la taille du domaine vital du troupeau, les chevaux consacrent 1 à 2 heures sur 24 à se déplacer (soit 4 à 8% du temps). Ces déplacements consistent à changer de zone de pâture, à aller vers un point d’eau ou vers un endroit abrité. Ils se font en groupe. La marche est l’allure principale, le trot et le galop restant rares. Les allures vives sont utilisées lors de la fuite, dans le jeu ou causée par des insectes piqueurs, dans la parade sexuelle de l’étalon et dans les combats entre étalons.

 

Autres comportements

Le temps restant est consacré aux autres activités comme les interactions avec les autres chevaux (toilettage mutuel), l’abreuvement, l’élimination (uriner, déféquer), les roulades… Même si sur une échelle de 24 heures, ces comportements sont courts, ils n’en demeurent pas moins indispensables à la santé du cheval.

 

Enrichissements à mettre en œuvre pour le cheval

enrichissement milieu cheval
Source: Pixabay

 

En raison de la domestication par l’homme, la répartition du budget temps du cheval a été modifiée. Cela varie également sensiblement en fonction du milieu de vie du cheval (pré groupe, paddock seul, ou box). Au box, le temps consacré à l’alimentation est très nettement diminué, avec des repas ponctuels, à base de concentrés (pauvres en fibres et avec des temps d’ingestion courts). Le confinement en box restreint aussi fortement les possibilités de déplacement. La mise en box, le plus souvent individuel, entraîne aussi un isolement du cheval, qui n’a plus que très peu de contacts (visuel, hennissements) avec ses congénères. Ces conditions de vie peuvent mener à l’apparition de troubles comportementaux: tics (stéréotypies), activités de substitution (lécher les murs, gratter le sol…), etc.

 

Divers enrichissements permettent d’améliorer le milieu du cheval, que ce soit au travers des interactions sociales ou de l’alimentation. Par exemple, proposer un allongement du temps consacré à l’alimentation, grâce à l’apport de fibres (foin, paille) permettra d’augmenter le temps d’ingestion et de digestion. Des sorties au paddock ou en pâtures régulières permettront au cheval d’assurer des mouvements libres et de se déplacer. Idéalement, la possibilité de contact avec des congénères lors de ces sorties favorise également le bien-être du cheval.

 

Les stéréotypies du cheval

Stéréotypies orales

Les plus connues sont le tic à l’appui et le tic à l’air mais il en existe une grande variété. Répétés inlassablement, ils sont qualifiés de «stéréotypies orales» car ils font intervenir la bouche. Vous pouvez voir des chevaux qui sortent leur langue sans arrêt et la bougent, d’autres qui la mâchent, d’autres qui la frottent sur un support, certains lèchent des objets de l’environnement sans arrêt, font claquer leurs lèvres en secouant la tête, etc.

Un cheval qui tique à l’appui saisit des objets fixes avec ses incisives et tire en arrière en contractant les muscles de l’encolure et en émettant un bruit rauque caractéristique qui correspond le passage de l’air dans l’œsophage. Un cheval qui tique à l’air prend la même posture d’encolure et fait le même bruit sans prendre appui. Ces comportements ont été associés à différents problèmes de santé incluant notamment une usure excessive des dents et une difficulté à maintenir un poids constant. Contrairement à une idée reçue, des radios montrent que le cheval n’avale pas d’air au cours de ce tic mais qu’il distend fortement son œsophage à ce moment là.

 

Stéréotypies locomotrices

Le tic à l’ours et l’encensement sont deux stéréotypies locomotrices fréquentes.Dans le cas du tic à l’ours, le cheval déporte son poids d’un antérieur sur l’autre, ce qui crée un «balancement». Les chevaux tiquent généralement à l’ours devant la porte de leur box. L’encensement est la succession de mouvements violents de la tête de bas en haut. Attention, il peut également s’agir d’une pathologie locomotrice dont l’origine est tout à fait différente. Le tic déambulatoire est une autre stéréotypie locomotrice : le cheval tourne inlassablement dans son box.

 

Traitement et prévention des stéréotypies

Empêcher le cheval de tiquer est néfaste (induction de stress, effet rebond à l’arrêt) et ne solutionne pas le problème. De plus, certains chevaux développent d’autres tics si on les empêche de réaliser le leur. Par exemple, ils se mettent à secouer sans arrêt la tête. Il vaut mieux laisser faire, chercher les causes de ce comportement et les supprimer dans l’espoir que le tic cesse.

 

Tic à l’appui

Le tic à l’appui ayant tendance à se développer chez les poulains au sevrage, il faut améliorer les conditions de sevrage pour amoindrir ce stress (à l’origine d’ulcères). Par exemple, mettre un adulte calme à pâturer avec le groupe de jeunes juste sevrés peut-être un bon moyen de limiter le stress des poulains. De même, les régimes des poulains doivent être très riches en fibres.

 

Quant aux chevaux adultes qui tiquent à l’appui, le propriétaire doit maximiser le temps de pâturage et la quantité de fibres dans les rations. Il incite son cheval à mastiquer plus longtemps. Le cheval ainsi occupé à manger ne recherche pas d’activité de substitution et a ainsi moins de risque de développer un tic. De plus, la mastication permet de réduire l’acidité gastrique. Malheureusement, la restauration d’un régime alimentaire à base de fibres ne résout pas toujours ce type de problème.

 

Tic à l’ours

Pour des chevaux qui ont le tic à l’ours, il a clairement été montré qu’augmenter la possibilité de contacts diminue, voire fait disparaître ce tic. Les chevaux qui encensent au box le font également moins si la possibilité de contacts sociaux est accrue. Le manque de contacts sociaux est également suspecté chez les chevaux qui manifestent des comportements agressifs excessifs envers leurs congénères.

 

S’il n’est pas possible de permettre le contact avec les congénères, des miroirs peuvent être disposés dans le box. Ils simulent la présence d’un congénère et contribuent à diminuer l’importance du tic. Leur effet dure au moins plusieurs semaines, et peut même être permanent pour certains chevaux. Enfin, une stéréotypie détectée à son début sera moins difficile à supprimer.

 

Savoir éthologique 3 : la pratique

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Crédit : Les aventures d’Action et Enjoy

Passons maintenant au volet pratique de ce savoir éthologique 3. Vous vous imaginez peut-être déjà à cheval en train de réaliser les mouvements vus à pied lors des précédents savoirs? Quelques vérifications fondamentales sont nécessaires avant de passer à cheval.

 

Les fondamentaux avant de se mettre en selle

D’abord avant de se mettre à cheval, il faut maîtriser de bonnes bases à pied stables permettant de se mettre à cheval en toute sécurité. Le cavalier doit avoir une bonne maîtrise du matériel nécessaire à la monte. Pour cela, la pose de la selle sur le dos du cheval s’évalue tout comme le nœud de rênes au licol. Ensuite, le cavalier doit effectuer une détente à pied efficace. Il s’assurera du contrôle de l’avant main, de l’arrière main, de la mise en avant et des flexions latérales et verticales. Il veillera également à obtenir l’immobilité au montoir et à se mettre à cheval en toute sécurité. De ce fait, une légère flexion d’encolure est nécessaire pour garantir la sécurité du cavalier si le cheval devait être surpris par un événement quelconque.

Les fondamentaux monté du savoir éthologique 3

Après vous être assuré de la bonne stabilité de vos bases, vous allez pouvoir vous mettre à cheval. Si vous envisagez si tôt en selle de partir en avant, vous faites fausse route. Premièrement, contrôlez vos flexions. Ensuite, assurez vous d’avoir le contrôle de l’avant main et de l’arrière main. Vous allez l’effectuer de façon isolée et de façon combinée. Votre capacité à diriger votre cheval sur un huit de chiffre sera ensuite évaluée au pas puis au trot. Une légèreté dans vos demandes sera appréciée. Cette légèreté s’obtient par une précision des aides grâce à vos jambes. Une forte action dans vos mains ne facilitera pas le contrôle et la direction.

savoir 3 monté
Crédit : Le Murmure du Louvray

 

La légèreté de vos transitions montantes et descendantes est également au programme de ce savoir éthologique 3. Vous devez être en mesure d’assurer des transitions légères et fluides. Par exemple, trot/pas/arrêt mais aussi trot/arrêt. Vous devez aussi être en capacité de reculer votre cheval sur quelques foulées au pas. Par exemple dans un enchainement de transitions vous déroulerez : trot/arrêt/recule/trot. Les départs au galop depuis le pas et le trot sont aussi au programme.

 

A ce travail de contrôle de l’allure et de direction s’ajoute la décontraction du cheval au travers des flexions verticales. Les déplacements latéraux sont également au programme de ces fondamentaux montés.

 

Alors êtes vous prêts à réviser votre théorie et à vous lancer dans les fondamentaux à cheval grâce au savoir 3? Il reste ensuite à continuer votre progression vers les deux derniers savoirs éthologiques 4 et 5. Ils sont une marche supplémentaire vers le travail en liberté et à distance à pied et la légèreté à cheval. 

 

Crédit photo à la une : Le Murmure du Louvray