Le pur sang arabe – Races de chevaux

pur sang arabe gris

Le pur sang arabe est un cheval de selle qui allie grâce, douceur, endurance et robustesse. C’est également un cheval de légende, dont l’origine donne lieu à de nombreux fantasmes. Si le pur sang arabe est un cheval très apprécié pour sa bravoure et son tempérament placide, il reste néanmoins délicat et volontiers fougueux. Voici tout ce que vous devez savoir sur la race du pur sang arabe, éternel emblème de l’Orient. 

 

Une race source de nombreuses légendes

Parmi toutes les races de chevaux érigées en symbole par l’homme, celle du pur sang arabe est certainement celle qui déchaîne le plus les passions. Souvent évoqué comme une création divine façonnée par Allah lui-même, le cheval pur sang arabe est en effet à l’origine de diverses légendes.

Si certaines sont en désaccord quant à la naissance de la race, toutes s’accordent à dire que le pur sang arabe est bel et bien un cheval d’exception. On lui connaît même le surnom de buveur de vent, ou fils du vent en fonction des légendes. Mais d’où vient ce surnom onirique et irréel ?

Une première théorie attribue l’origine de ce surnom évocateur à l’attitude, et plus exactement au port de tête du pur sang arabe. Celui-ci a en effet pour habitude de garder le nez en l’air en permanence, quel que soit son état (liberté, repos, course, etc.). C’est en tout cas l’explication qu’avance le délégué national aux courses François Gorioux.

PSA buveur de vent
Source : Pixabay

Une explication très rationnelle, qui tranche avec celle qui se veut plus « divine ». Un traité d’hippologie rédigé par l’hippologue Abou Bekr Ibn Bedr en 1333, appelé Nâçerî, raconte en effet que le pur sang arabe devrait son surnom de buveur de vent, ou plutôt fils du vent ici, à Allah. Celui-ci aurait créé le cheval arabe à partir d’une poignée de vent du midi. D’après ce traité traduit en 1852, Allah aurait dit au vent :

« je vais créer de ta substance un être nouveau que je destine à devenir la gloire de mes élus, la honte de mes ennemis, la parure de mes serviteurs. »

Voilà de quoi alimenter les théories les plus folles à propos du pur sang arabe. Mais qu’en est-il des réelles origines de cette race de chevaux si particulière ?

 

Le pur sang arabe : des origines désertiques

Il faut remonter à 4500 ans avant notre ère pour trouver les premières traces de la race du pur sang arabe. C’est en Mésopotamie, zone géographique qui correspond à l’actuel Moyen-Orient, que le cheval arabe est né dans des conditions climatiques extrêmes. Ce sont d’ailleurs ces conditions arides qui lui ont valu son autre surnom : le prince du désert.

Les Bédouins, une peuplade nomade vivant dans les différents déserts d’Orient, furent les premiers à découvrir et exploiter le pur sang arabe. En tant que nomades, ils avaient en effet besoin d’un cheval robuste et endurant, capable de porter des charges sur de longues distances dans le désert.

bédouins et pur sang arabe
Source : Jacques-Laurent Agasse

Très respecté au sein de la communauté Bédouine, le pur sang arabe est particulièrement adulé par ces peuples nomades. Si cette admiration est due en grande partie aux caractéristiques exceptionnelles du cheval arabe, elle est aussi très certainement insufflée par le fameux Nâçerî, qui relate la naissance de la race par Allah :

« Je t’ai créé arabe, j’ai attaché aux crins de ton front les succès ; j’ai mis sur ton dos la richesse des butins ; j’ai déposé des trésors dans tes flancs ; je t’établis roi des quadrupèdes domestiques ; je remplirai d’amour pour toi le coeur de ton maître ; je te donne, sans t’en donner les ailes, le vol de l’oiseau ; tu es fait pour les reconnaissances, tu es fait pour la retraite. Dans l’avenir, je placerai sur ton dos des hommes qui adoreront la majesté, qui diront mes louanges, qui proclameront mon unité, qui célébreront ma grandeur. Et ces glorifications, ces hommages à mon unité, à mon immensité, tu ne les entendras jamais sans que tu ne les répètes en chœur avec les hommes. »

L’arrivée du pur sang arabe en Europe, et plus précisément en France, remonte quant à elle au VIIIème siècle. La race se prêtant particulièrement à l’art de la guerre, l’armée Omeyyade avait en effet décidé de mener la bataille de Poitiers, affrontement peu connu des Croisades, aux côtés de ces chevaux arabes endurants et porteurs.

À travers cette bataille, les Européens identifient rapidement le potentiel du pur sang arabe. Ce dernier fut notamment utilisé comme améliorateur de nombreuses races, qui seront détaillées plus bas dans cet article.

Mais c’est sous l’impulsion de Napoléon Bonaparte que le pur sang arabe connaît un essor sans précédent en France et en Europe. Admirateur absolu de la race, l’empereur décide en effet de promouvoir l’élevage du cheval arabe en race pure. Il contribuera ainsi à sa diffusion et à la naissance de nombreux croisements, tels que le pur sang anglais au Royaume-Uni ou l’anglo-arabe en France.

Marengo pur sang arabe
Marengo, le pur sang arabe fétiche de Napoléon Bonaparte – Source : Antoine-Jean Gros

 

Une morphologie atypique

Le pur sang arabe est connu pour son physique atypique et sa morphologie particulière, qui rendent cette race de cheval identifiable au premier coup d’oeil. Ces particularités résultent des conditions de vie extrêmes que le pur sang arabe doit affronter au quotidien dans le désert.

pur sang arabe gris
Source : Pixabay

La race a ainsi conservé une nature dite primitive, et les spécificités propres au cheval arabe qui en résultent. Le pur sang arabe possède en effet 17 paires de côtes, contre 18 chez les autres races. Il ne possède également que 5 vertèbres lombaires au lieu de 6, et 16 vertèbres coccygiennes au lieu de 18. Des particularités qui font du cheval arabe un équidé étonnamment porteur.

Outre ces différences anatomiques, le pur sang arabe se distingue par son avant-main atypique. Il possède en effet une tête fine et très expressive marquée par un chanfrein concave, c’est-à-dire creusé. Son encolure est arquée (on la dit en col de cygne) et son port très relevé, ce qui lui donne son allure si reconnaissable.

tête pur sang arabe
Le chanfrein concave, caractéristique principale du psa – Source : Pixabay

L’arrière-main du pur sang arabe est elle aussi très caractéristique de la race. Le dos est court, parfois concave, la croupe très horizontale. Quant à la queue du pur sang arabe, elle est sans cesse relevée, même au repos. C’est d’ailleurs ce qui donne au cheval arabe un air fier et altier, d’où son surnom de prince du désert.

La race arabe se distingue en outre par sa petite taille, la moyenne du pur sang arabe se situant en effet entre 1,48 et 1,56 mètres. Malgré cette taille somme toute très modeste, le cheval arabe est très porteur et endurant. Les membres sont longs et secs, et les sabots petits et solides. Le pur sang arabe possède d’ailleurs un pied très sûr, qui lui permet de s’adapter facilement en terrains variés.

Les crins du cheval arabe sont fournis et soyeux, afin de le protéger des insectes et de la chaleur qui sévissent dans les régions arides où il vit. Le gris est la robe la plus commune chez le pur sang arabe, mais l’alezan et le bai sont également très répandus. Le noir est la robe la plus rare de la race. Quant aux robes dites rares, comme le palomino ou le cremello, elles n’existent que par croisement avec une autre race.

PSA rabicano
Un psa rabicano, robe très rare chez le pur sang arabe
Source : Coreada pour Wikipedia

Le pur sang arabe possède une peau très fine, qui laisse deviner son système veineux et son ossature robuste. C’est notamment grâce à cette caractéristique que le cheval arabe a pu survivre et s’adapter dans le désert. La peau fine permet en effet d’évacuer la chaleur plus facilement et plus rapidement, ce qui en fait un excellent cheval d’endurance. Cette peau fine le rend volontiers chatouilleux lors du pansage, mais n’empêche pas le pur sang arabe d’aimer se faire choyer pendant des heures.

 

Un caractère doux

Le pur sang arabe est un cheval vif et dans le sang. Fougueux et indépendant, il n’en reste pas moins doux et très proche de l’homme. La vie en promiscuité avec les Bédouins a en effet contribué à le rendre respectueux et confiant vis-à-vis de l’homme, mais aussi tout à fait apte à la vie en troupeau.

psa en troupeau
Crédit : Audrey Lacombe

Courageux et attachant, le cheval arabe est également très intelligent et démontre une grande facilité d’apprentissage. Son tempérament joyeux et sa proximité avec l’homme en font un parfait cheval de propriétaire. Il faut en effet savoir que le pur sang arabe aime développer une relation fusionnelle avec son propriétaire. À ce titre, il s’attachera facilement à celui qui s’en occupe régulièrement, mais n’est pas vraiment fait pour changer de propriétaire.

En plus de son caractère vif et de son tempérament conquérant, le pur sang arabe est principalement connu pour son endurance.

 

Un physique de champion

L’endurance est la discipline par excellence du cheval arabe, qui est né et élevé pour cela. Son historique de voyageur aux côtés des peuples nomades, puis de cheval de guerre plus tard, a en effet contribué à rendre le pur sang arabe très robuste et endurant.

course d'endurance
Crédit : Audrey Lacombe

Le cheval arabe possède un système cardiovasculaire hors pair, lui permettant de parcourir de très longues distances à vive allure et sans se fatiguer. Il possède également un nombre de globules rouges plus élevé que la moyenne des races chevalines. Ces cellules sanguines assurant le transport de l’oxygène à travers l’organisme, le pur sang arabe gère ainsi beaucoup mieux son effort et récupère plus rapidement.

Le système de thermorégulation du cheval arabe est également très au point. Sa peau fine lui permet en effet d’évacuer la chaleur induite par les muscles lors de l’effort, mais aussi de moins transpirer.

C’est donc tout naturellement que la race du pur sang arabe représente aujourd’hui à elle seule les trois quarts des inscriptions en compétition d’endurance.

 

Le pur sang arabe : une race, plusieurs disciplines

De par sa petite taille, le pur sang arabe est maniable et passe partout. Du fait de sa bravoure, c’est l’un des chevaux les plus polyvalents au monde, qui ne brille pas que par son endurance.

balade psa
Source : Pixabay

Le cheval arabe est notamment très apprécié en TREC (technique de randonnée équestre en compétition). Son caractère et sa robustesse en font en effet une cheval idéal pour cette discipline, qui mêle longues distances et obstacles variés. Il en est de même pour l’équitation de loisir : les amateurs de randonnée et de longues balades à cheval apprécieront tout particulièrement cette race porteuse.

Le pur sang arabe possède également des allures fluides et aériennes, ainsi que de bonnes facultés d’apprentissage qui lui permettent de s’illustrer en dressage. Son potentiel dans cette discipline est toutefois sous-exploité, de nombreux cavaliers lui préférant ses qualités d’endurance. Par ailleurs, les juges de dressage ne sont pas particulièrement friands de son port de tête trop relevé, ni de ses allures très horizontales.

Il existe également des courses hippiques dédiées au pur sang arabe. Par tradition, celles-ci ont lieu principalement au Moyen-Orient, mais tendent à se démocratiser de plus en plus en France, et plus largement en Europe. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que le pur sang arabe est à l’origine d’un croisement taillé pour la course : le pur sang anglais.

pur sang arabe au galop
Source : Pxfuel

Le saut d’obstacle est la seule discipline qui ne convient pas au cheval arabe. Bien que très maniable, ce dernier reste en effet un cheval de petite taille, avec des membres fins et secs et des allures rasantes. N’est pas Jappeloup qui veut après tout ! Des inconvénients qui limitent donc rapidement sa capacité à l’obstacle, en plus d’une propulsion qui laisse souvent à désirer en raison d’une arrière-main peu développée par rapport à d’autres races de chevaux.

 

Le show, la discipline réservée au pur sang arabe

Le pur sang arabe est tellement apprécié pour ses allures si caractéristiques qu’il bénéficie d’une discipline qui lui est entièrement réservée : le show. Ce concours de modèle et allures, dont le championnat du monde a lieu chaque année au salon du cheval de Paris, a pour but de juger les attitudes de présentation du cheval arabe.

show pur sang arabe
Un pur sang arabe lors d’un show – Source : Heather Moreton pour Wikipedia

Lors de ces compétitions ô combien prisées des connaisseurs et du public, les pur sang arabes sont présentés en main par leur entraîneur, et doivent évoluer à différentes allures sur des exercices de présentation variés. Esthétisme, tempérament, mais aussi conformité aux standards établis par le stud-book de la race sont jugés lors des compétitions de show.

La plupart des chevaux arabes pratiquant cette discipline sont utilisés exclusivement pour elle. Ils ne sont que très rarement montés, ce qui peut les rendre plus fougueux et délicats à gérer à pied.

 

Reproduction et élevage du pur sang arabe

Le pur sang arabe est souvent considéré comme le père fondateur de la plupart des autres races de chevaux. On lui attribue en effet la paternité de nombreux croisements, le cheval arabe étant principalement utilisé comme un améliorateur de race. Il a ainsi donné lieu à beaucoup de croisements très connus aujourd’hui.

L’anglo-arabe est certainement le plus connu et le plus répandu des croisements issus du pur sang arabe. On trouve aussi beaucoup de demi-sang arabes, dont la proximité génétique avec le pur sang arabe s’exprime en pourcentage. Plus celui-ci est élevé, plus le cheval se rapproche génétiquement du pur sang arabe.

anglo arabe
Un cheval anglo-arabe, le croisement le plus répandu issu du psa
Crédit : Audrey Lacombe

Citons également le pur sang anglais, une bête de course élevée pour la vitesse. Arabe-barbe, arabo-frison ou encore arabo-lusitanien font aussi partie des croisements appréciés des éleveurs.

On estime qu’environ 90 % de la population de pur sang arabes se trouve actuellement aux États-Unis, où le pur sang arabe est très plébiscité en raison de sa polyvalence et de sa capacité d’adaptation à des conditions climatiques variées.

 

Controverse autour du croisement du pur sang arabe

Outre les nombreux croisements dont ils sont à l’origine, les chevaux arabes sont aussi croisés entre eux afin de préserver la pureté de la lignée. Si cette pratique peut paraître anodine, elle fait en réalité l’objet d’une véritable inquiétude chez les vétérinaires.

Bon nombre d’entre eux, mais aussi certains éleveurs, ont ainsi alerté sur l’extreme breeding, ou croisement extrême, qui donne lieu à de nombreuses difformités chez le pur sang arabe. C’est le cas par exemple du chanfrein concave à l’extrême, obtenu par une déviation artificielle de la cloison nasale, occasionnant notamment à des difficultés respiratoires.

croisement extrême psa
Un psa trop racé, symbole de la dérive de l’élevage – Source : Pexels

Depuis des années, les professionnels tirent la sonnette d’alarme au sujet de ces croisements extrêmes, espérant alerter des dangers et des dégâts que peuvent occasionner cette pratique.

Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que le pur sang arabe n’est jamais aussi majestueux qu’à son état naturel. C’est également dans cet état qu’il vivra le mieux et le plus longtemps possible.

 

Polyvalent, fier, courageux et fougueux, le pur sang arabe est un cheval parfait pour la plupart des cavaliers et des disciplines. Dans le sang, il ne pourra toutefois pas toujours être monté par les débutants. 

 

Source photo à la une : Pixabay